Birahim Seck:Libérer Karim, une entrave à  la lutte contre l’impunité

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Le Président de la République, Macky Sall, a annoncé une possible libération de Karim Wade d’ici la fin de l’année. Une nouvelle qui n’est pas du gout de Birahim Seck, membre du Forum civil, qui dénonce un coup de canif à la traque des biens mal acquis.

M. Seck, vous qui vous battez pour la bonne gouvernance et la reddition des comptes, comment accueillez-vous l’annonce d’une possible libération de Karim Wade ?

C’est ce Président de la République qui avait prôné la gestion vertueuse des deniers publics, et qui avait matérialisé la fin de l’impunité par la mise en place de la Cour de répression de l’enrichissement illicite, par la mise en place de l’Ofnac, par le vote du code de transparence dans la gestion des finances publiques. C’est sous le magistère de ce même président qu’on a vu un ministre défier la Justice sans être inquiété. Je veux parler du ministre délégué chargé de la Microfinance qui a défié la Cour des comptes. C’est également sous le magistère de ce même président qu’on a vu une personne interdite de sortie du territoire voyager avec le Président de la République. C’est aussi ce même président qui a dit qu’il a des dossiers qu’il a mis sous le coude. Alors quelle serait la surprise si le président venait à dire qu’il va libérer une personne qui a été coupable  d’enrichissement illicite ?

Le Président serait-il en train de renier ses propres principes alors ?

C’est une remise en cause de ses propres principes de bonne gouvernance, de gestion vertueuse et de gestion sobre. Mais ce qui est encore plus déplorable c’est la tournure, la voie par  laquelle il veut passer pour libérer Monsieur Karim Wade. Je pense que ce n’est pas élégant de vouloir passer par ce qu’on a appelé ‘‘dialogues nationales’’ pour  comploter, conspirer sur le dos du peuple. Je pense qu’il y a une dose de courage qu’on doit avoir, quand on est président si la loi vous donne un certain nombre de pouvoirs comme le pouvoir de grâce. Mais ce qui est également intéressant, rappelez-vous, Monsieur Karim Wade a toujours dit qu’il n’a jamais demandé de grâce présidentielle. Alors comment lui accorder la grâce s’il n’en a pas fait la demande. Donc on attend  de voir quel sera le comportement de Monsieur Karim Wade à l’endroit du peuple  sénégalais s’il va faire du Wax Waxeete ou pas. On se rend compte que si ce n’est pas la grâce présidentielle ou l’amnistie ce sera la liberté conditionnelle.

Et les décisions de justice dans tout ça ?

Au vu de la tournure et le contexte actuel, on serait tenté de se demander s’il n’y a pas aujourd’hui ce que l’Ums a toujours décrié, c’est-à-dire un empiétement du pouvoir exécutif sur le pouvoir judiciaire. On a toujours demandé à ce que les magistrats soient soutenus dans cette quête d’indépendance. On ne peut pas tordre le bras à des magistrats pour qu’ils accordent une liberté conditionnelle à telle ou telle personne. Donc c’est une question d’indépendance qui se pose, une question de remise en cause d’une décision de justice  qui se pose au niveau du Sénégal.

Un pied de nez à la traque des biens mal acquis ?

C’est un coup de canif à la lutte contre l’impunité, un coup de canif à la reddition des comptes, un coup de canif aux principes de bonne gouvernance et à la gouvernance vertueuse. On est en train d’assister à une remise en cause de la lutte contre l’impunité et de la traque des biens mal acquis. Aujourd’hui on se rend compte que la Crei est en désuétude. Qu’en est-il des 25 personnes  qui ont été listées par le procureur Alioune Ndao. A part Monsieur Karim Wade qui a été inquiété parmi ces 25 personnes. Qu’en est-il de la réforme qu’on nous a toujours proposé par rapport à la Crei. Aujourd’hui la traque  a connu un coup de frein. Autrement dit, on est retourné à l’ére de l’impunité.

Auteur: Youssouf SANE – Seneweb.com

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