Le PDS, grandeur et décadence d’un géant

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31 juillet 1974-31 juillet 2019. Voilà 45 ans, jour pour jour, que Me Wade, Fara Ndiaye, Alioune Badara Niang et compagnie, portaient sur les fonts baptismaux le Parti démocratique sénégalais (PDS).

45 ans. Que de chemin parcouru par Me Abdoulaye Wade et ses «frères» et «soeurs». Après 26 ans d’opposition sans relâche (il fut candidat aux élections présidentielles de 1978, 1983, 1988 et 1993), le «pape du Sopi» allait connaître la consécration le 1er avril 2000 en réalisant la première alternance démocratique au Sénégal. Au 2e tour de l’élection présidentielle, il avait réussi l’exploit de battre le Président sortant, Abdou Diouf du Parti socialiste (PS). Ce n’est que 12 ans après, qu’il allait perdre le pouvoir, battu au 2e tour de l’élection présidentielle par son ancien Premier ministre, Macky Sall, qui réalisait à cette occasion un coup de maître. Une défaite que beaucoup d’observateurs de la scène politique avaient expliquée par son projet de dévolution monarchique du pouvoir que les Sénégalais avaient d’ailleurs rejeté le 23 juin 2011, à l’occasion d’une journée mémorable au Parlement. Aujourd’hui, 45 ans après sa création, que reste-t-il du PDS ?

Force est de constater que le PDS de 2019 est bien loin des années 80/90 et même celui des années 2000, où il rayonnait, de même que son leader historique. Le PDS a beaucoup perdu de sa superbe. De parti attractif et très puissant, qui faisait rêver les Sénégalais, surtout les plus jeunes (les manifestations du parti sur les allées du Centenaire refusaient du monde), le parti libéral n’est plus que l’ombre de lui-même. Il s’est enlisé dans une léthargie sans précédent. Les réunions du Comité Directeur, instance dirigeante du parti, se font de plus en plus rares ; les initiatives presque inexistantes.

Un parti en quête de renaissance

Au-delà de la crise au sommet (guerre ouverte entre Me Wade et Oumar Sarr), la profonde léthargie qui mine le parti, le PDS a connu une forte saignée. Beaucoup de départs et pas des moindres ont été enregistrés : Idrissa Seck, Macky Sall, Ousmane Ngom, Modou Diagne Fada, Souleymane Ndéné Ndiaye, Madické Niang, Habib Sy, Pape Samba Mboup, Farba Senghor etc.). Il y a également la mise à l’écart de grands responsables dans le fonctionnement du parti, dont Babacar Gaye qui a été démis de ses fonctions de porte-parole. Le PDS traverse une des périodes les plus sombres de son histoire. Il a un véritable problème de management. Nonobstant son génie politique, le Maître, du fait du poids de l’âge, est fatigué et a dû mal à maîtriser ses troupes. C’est son fils, exilé politique au Qatar, qui dicte la marche à suivre à des libéraux déboussolés et divisés en quête de renaissance. C’est dans ce contexte que Me Wade et ses partisans commémorent le 45e anniversaire de la naissance de ladite formation. Le parti susmentionné a aujourd’hui besoin d’un nouveau souffle. Autrement dit, il a besoin de faire du «sopi» pour se sauver et ainsi sauver l’héritage du Maître.

Dr Seck : «C’est un appareil politique qui demeure puissant

Malgré tous les maux dont souffre le parti libéral, l’optimisme est de rigueur du côté des cadres. «Il reste du PDS le PDS. Il reste du PDS son Secrétaire général national et fondateur Abdoulaye Wade. Il reste du PDS ses instances nationales (Comité directeur, Secrétariat national…), ses instances verticales et horizontales. C’est un appareil politique qui demeure puissant, capable de revenir et d’exercer le pouvoir bientôt», indique Dr Cheikh Tidiane Seck, président de la Fédération nationale des cadres libéraux (FNCL). D’après lui, «le PDS demeure le premier parti du Sénégal et le premier parti d’opposition, précurseur de toutesles conquêtes démocratiques au Sénégal». Quant à Doudou Wade, il soutient d’abord qu’ils ont parcouru «un très long chemin, un chemin difficile avec beaucoup d’embuches, avec beaucoup de problèmes, plusieurs difficultés». «Mais toutes ces difficultés ont été traversées avec des prix qu’il fallait payer. Notre parti était dans un contexte historique tout à fait particulier dans les années 1974 où le Sénégal indépendant depuis 1960 était dans un régime de parti unique de fait. Tous les partis qui étaient nés au Sénégal, la plupart ont été sabordés, des hommes politiques ont été exilés, des partis ont été dissous. Et la mode en Afrique, c’était le coup d’Etat, sinon de prendre les armes», ajoute-t-il. A en croire l’ancien président du groupe parlementaire des libéraux, «il a fallu la lucidité du Secrétaire général, Abdoulaye Wade, pour se lancer dans la création d’un parti en 1974. Ce parti est devenu PDS, le premier parti d’opposition légale en Afrique».

Doudou Wade : «Le PDS a un avenir certain»

«De 1974 à maintenant, nous avons comme parti politique beaucoup fait dans l’instauration et la consolidation de la démocratie au Sénégal. Nous avons participé pendant 45 ans à la marche de notre pays en étant un des pionniers de l’approfondissement de la démocratie. La plupart des conquêtes démocratiques faites depuis 1974 ont été à l’initiative du PDS. Si ces conquêtes ne sont pas à l’initiative du PDS, le PDS a été pour beaucoup dans l’accomplissement de ces conquêtes», souligne également Doudou Wade. Sur sa lancée, il rappelle : «En 1978 déjà, nous constituions la première opposition parlementaire à l’Assemblée. En 2000, nous sommes parvenus à l’alternance démocratique. Nous avons perdu le pouvoir en 2012. De 1974 à maintenant, que de souvenirs, que d’étapes importantes, que de conquêtes, que de réussites au profit et au bénéfice des Sénégalais». Quid de l’avenir de la formation libérale ? M. Wade prédit un avenir radieux au PDS. «Le parti a un avenir certain. Un avenir qui, je pense, ira avec l’évolution du Sénégal. Je pense que le PDS est un ADN du Sénégal. Je pense que c’est un parti qui va évoluer, qui va se transformer, qui va s’améliorer, qui va s’adapter pour devenir un parti qui comptera pour le Sénégal. Parce que le PDS, aujourd’hui, fait partie de l’histoire politique de notre pays. Personne ne peut lui contester sa place, aujourd’hui, de première ou sinon de deuxième parti du pays. C’est un parti conquérant, adoré et adulé par les jeunes. C’est un parti qui a une expérience, qui est bien implanté dans le pays, qui est présent géographiquement sur toute l’étendue du territoire, qui a eu à faire d’excellentes choses» A son avis, «avec l’apport de la jeunesse, le PDS pourra compter longtemps pour ce pays»

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