«Pourquoi Abdourahmane Diouf a réellement quitté Rewmi

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François Calixte Sagna, nommé Secrétaire général adjoint du parti Rewmi, a été, ce samedi, l'invité du Grand Oral de Rewmi FM. Sagna qui reparle du départ d'Abdourahmane Diouf du parti, donne les véritables raisons de la démission de l'ex porte-parole de Rewmi. Entre autres sujets abordés avec le SGA de Rewmi, ses relations avec Idrissa Seck, la suppression du poste de Premier ministre…

Qui est-ce qui vous attire chez Idrissa Seck?

Ce qui m'attire chez lui, c'est l'homme en entier. Voilà une personne qui, avec tous les préjugés qu'on peut avoir, est un homme formateur, détecteur de talent, un homme qui a certains principes, un homme très rigoureux. Certains disent qu'il est difficile. Oui il est difficile parce que toute chose que vous lui dites, il vous en demande la preuve. Et tout ce que vous lui dites cette année, il vous dira l'année prochaine par rapport à ce que vous m'aviez dit l'année il y a un changement. Pourquoi ce changement ? Voilà un homme qui a de l'ambition, voilà un homme qui a de la vision. Voilà un homme qui reste inconnu des Sénégalais, mais les œuvres du Seigneur sont méconnaissables et nul ne peut les transcender. Et je dis qu'il fait partie de ces genres d'hommes. De 2004 à 2012, j'étais juste simple membre du comité directeur du parti. Mais à partir de 2017-2018, je me suis beaucoup plus rapproché de lui en dirigeant provisoirement la coordination nationale des jeunes du Rewmi. Après le poste de secrétaire national adjoint du Rewmi, et j'ai vu un homme très méthodique. J'ai vu un homme très courtois, mais aussi j'ai vu un homme très sensible. Les Sénégalais n'ont pas l'habitude du silence, mais peut-être nous qui avons fait le séminaire vous pouvez rester 2 heures de temps en méditation dans le silence. Et les Sénégalais ont peur du silence.

Pourquoi il y a eu autant de départs à Rewmi ? Et Abdourahmane Diouf, votre ex désormais porte-parole, a été le dernier.

Vous verrez aujourd'hui que tous les journaux parlent d'un départ et peut-être que c'est la série noire des départs des porte-paroles au Sénégal. Abdourahmane Diouf, Babacar Gaye du Pds, Me Bocar Thiam du PS… Tout de même Babacar Gaye a été démis de ses fonctions et c'est pire. Pour parler d'Abdourahmane Diouf, par rapport à son départ, la seule chose que je peux dire, même pour les autres départs, même si c'est un seul jour il a servi ce parti, même si c'est quelques heures, il a été d'une grande efficacité, d'une grande aide par rapport à notre parti. Abdourahmane Diouf, avec sa générosité, sa maturité, son respect vis-à-vis de ses collaborateurs et de tout le monde, a aidé le parti à grandir aussi bien dans le mouvement des cadres, mais aussi à porter la communication du parti. Il fait partie des gens qui ont mis le pinceau sur le parti et redorer le blason après le départ de certains. A un moment donné, ses activités professionnelles ne lui permettaient pas de parler publiquement et de parler politique. Il n'y a jamais eu de bruit entre lui et Idrissa Seck et je ne peux que m'en tenir à ce que lui il dit. Quand on lui a demandé de revenir six mois avant les élections, c'était impossible parce qu'il était toujours sous contrat. Par ailleurs, il vous a dit qu'entre Idrissa et moi il n'y a rien qui nous sépare parce qu'Idy me dit tant que je ne dis pas stop, fonce. Il fait partie des gens qui ont le plus bénéficié de l'accompagnement d'Idrissa Seck.

Le départ d'Abdourahmane Diouf ne traduit-il pas un malaise au sein du Rewmi ?

Nous tous ce qu'on peut retenir, sauf s'il y'a «malhonnêteté» de sa part, il dit que mes activités professionnelles ne me permettent plus d'assumer des fonctions politiques. On ne peut donc retenir que ce qu'il a dit. Vous savez, pourquoi j'aime mon leader? Aucun départ ne l'émeut parce que c'est un croyant. Il l'a dit il y a de cela 5 ou 6 ans de cela, il dit quand tes plus proches collaborateurs te quittent, Dieu t'envoie des inconnus pour te servir deux fois plus. Et, c'est maintenant que je me suis souvenu de cette parole. Comment il le prend ? Il le prend avec philosophie parce que la philosophie du Rewmi depuis 2006, c'est le Rewmi «free in» ; «free out». Idy disait seuls les plus endurants d'entre vous seront là le jour où nous arriverons au pouvoir. Nous gardons toujours espoir de devenir Président et même si nous ne devenons pas Président, c'est d'être au service de la population sénégalaise. Et c'est ce qui est le plus important. Pour le départ d'Abdourahmane, pour y revenir, le M6 a été créé en 2004 et le Rewmi a été créé en 2006. Abdourahmane est venu en 2012 et il y avait des hommes et des femmes qui étaient là et qui avaient tenu la barque du M6 et la lutte était âpre (…). Le premier départ de Rewmi, c'était en 2007 avec Awa Guèye Kébé. D'Awa Guèye Kébé à Youssoupha Diagne, en passant par Omar Guèye jusqu'à Pape Diouf, Thierno Bocoum, Nafissatou Diop,… Tout pion qui passe, il y a un autre qui le remplace immédiatement.

Aujourd'hui si Idy avait gagné les élections, est-ce que Abdourahmane allait quitter le parti?

C'est à vous journalistes de poser ce débat. Si Idy avait gagné l'élection présidentielle du 24 février dernier, est-ce que Abdourahmane allait quitter le parti? Si oui très bien pour lui. Si non il y a eu malhonnêteté. Et aujourd'hui, s'il a attendu deux mois après les élections pour quitter le parti et chercher des activités professionnelles, une vision professionnelle, une ambition professionnelle, je vous dis qu'une vie professionnelle ne se construit pas dans deux mois. On dit que ça a été programmé et nous vous laissons, vous journalistes, de faire la recherche. Pour la question de savoir si Idy sera un jour Président, je vous dis que les merveilles du Seigneur sont insondables. Si ont avait dit à Macky Sall qu'en 2012 il serait Président, il ne l'aurait jamais cru. Tout le monde avait dit en 1999, c'est fini pour le Président Wade.

Beaucoup expliquent ces départs comme l'absence de démocratie interne. Est-ce bien le cas?

Vous savez que l'absence de démocratie et l'absence de loyauté ça fait deux. Quand on est en réunion de secrétariat national ou en réunion de comité directeur et que vous avez des choses à dire et que vous ne les dites pas, là vous n'aidez pas à la décision. Vous ne pouvez pas être en interne, avoir la possibilité de vous exprimer et refusez de le faire. Ensuite vous sortez dans les journaux ou dans les couloirs pour dire qu'il n'y a pas de démocratie. Alors que vous, quand on vous choisissait porte-parole du parti ou secrétaire national chargé de… il n'a consulté personne. Il l'a fait selon ses attributions que lui donne le règlement intérieur. En un moment donné, vous n'aviez pas dit que ce n'était pas démocratique. La démocratie voudrait qu'on demande à tous les responsables démocratiques qu'en pensez-vous. Mais encore une fois, c'est le parti qui demande de nommer. La preuve, quand le Président Sall a nommé des ministres, des membres de son part ou même nous opposants avions dit que ce n'est pas sérieux de nommer tel ou tel autre ministre. Et pourtant, il le fait en fonction de ses responsabilités. Il faut que les gens arrêtent de dire qu'il n'y a pas de démocratie dans les partis. Je ne suis pas là pour défendre le Président Idrissa Seck, mais je vous dis des choses que j'ai vécues. Je suis là pour défendre une idéologie. Nous sommes dans un parti libéral et le libéralisme c'est le respect des droits humains. Tous ceux qui l'ont dit l'ont fait pour justifier un départ.

Pourquoi Idrissa Seck n'a pas répondu à l'appel au dialogue lancé par le Président Macky Sall après sa réélection lors de la dernière présidentielle?

Vous savez, l'institution du Président de la République, s'il exige de voir une personne, la personne ira de gré ou de force. Par ailleurs, le Président de la République n'a jamais appelé au dialogue. Ce qu'il a fait le 3 avril, c'est que vous êtes en discours devant vos caméras, vous dites que j'appelle au dialogue. D'accord. Quel dialogue? Sur quoi dialoguer? Comment dialoguer? Et quand dialoguer? Mais ce n'est pas un appel et il avait décrété la journée nationale du dialogue le 28 mai de toutes les années. Est-ce qu'il l'a une fois fait? Le dialogue n'est pas seulement sur ce qu'il considère lui comme étant un dialogue. Le dialogue devrait s'ouvrir sur les réformes. Pour qu'il y ait vraiment un appel au dialogue, il faut que Macky Sall respecte d'abord les Sénégalais et ses vis-à-vis. En quoi faisant? Nous avons gagné les élections, il prête serment et il pouvait dire que nous étions allés en élection et voilà tel point et tel point où nous n'avons pas été d'accord. Je voudrais que vous choisissiez une personne indépendante et moi sur ces points on peut dialoguer. Pour vous, quels sont les points sur lesquels on devrait dialoguer? Et les gens auront la capacité de donner. Aujourd'hui il demande de dialoguer mais est-ce que nous sommes dans un pays en crise? Nous n'avons pas une crise institutionnelle ou une crise politique. Le Président Wade, en 2001, avait consulté tout le monde avant d'organiser le référendum. Mais Macky Sall ne l'a pas fait en 2016. Il a fait un forcing. Aujourd'hui, nous sommes à 22 points qui doivent être changés dans la Constitution. Une Constitution qui a été faite en 2016, même pas 3 ans. Une Constitution où ils se sont targués d'avoir eu au moins 66% de vote que c'est la meilleure des constitutions, que c'est une révision consolidante. Pourquoi en moins de 2 ans on a révisé cette Constitution deux fois ?

Que pensez-vous de la suppression du poste de Premier ministre?

Enlever le poste de Premier ministre, mais c'est une institution qui intéresse aussi bien les tenants du pouvoir que l'opposition. Vous savez que le Président de la République est une institution à incarnation variable. Si vous voulez changer, dites-le. Si les gens refusent de déférer à votre convocation, vous pouvez leur écrire. Deuxièmement, nous sommes allés aux élections et ça pouvait être très facile. Dans son programme de campagne, il n'a jamais dit aux populations qu'il allait changer l'institution. Qu'il allait enlever le poste de Premier ministre. Il pouvait le mettre dans son programme de campagne et si les Sénégalais votent pour lui et qu'il gagne, ça veut dire que les Sénégalais ont déjà validé en amont et on n'aurait plus besoin de réforme institutionnelle. Mais aujourd'hui, il le soumet à ses députés qui sont aujourd'hui en conclave. Pour voter une loi, si la loi est claire, ils n'ont pas besoin de conclave. (…) Le président du groupe parlementaire a dit qu'ils vont voter à 100%, le premier vice-président a dit qu'ils vont voter à 100%. Alors pourquoi faire ce conclave? Vous devriez être en conclave avec toutes les franges de la population. En supprimant ce poste, il va être alpha et oméga.

Cheikh Moussa SARR

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